Rabelais for ever
A la faveur de la maladie, j’ai passé ces derniers jours chez Rabelais, dans sa langue, une langue si langue qu’elle en donne le tournis (et pour peu qu’on ait la fièvre…), une langue comme une pâte, une matière proche de la lave, qui emporte et jubile, et ramène à l’écriture, à cette joie quand, enfin, ça y est (après les « et que je te tourne autour », « et que je vais faire un petit tour sur face book », « et que je caresse le chat »… parfois le sentiment qu’écrire requiert d’abord et surtout la capacité à accepter ces moments-là, on est au bord, on sait qu’on va se lancer, on le sait parce qu’on n’a pas le choix, mais on ne connaît ni la direction que ça va prendre, ni les moyens à mettre en œuvre, alors on retarde, on tourne en rond, on se sent aussi utile qu’un pou, vaguement pathétique), on est dedans, et ce sont les mots qui conduisent, une ivresse (et on pense à la "dive bouteille" et aussi à Baudelaire "De vin, de poésie ou de vertu à votre guise mais enivrez-vous !"), reste à maîtriser un peu le flux, et encore, pas forcément, on verra bien après.
Je vous recommande vivement la lecture de l’édition originale des oeuvres sur publie.net, avec pour guide éclairé François Bon et son Pour lire Rabelais.