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Il s'agira de réécrire certains passages des mythes grecs, ceux où le désir occupe le premier plan. Chaque texte serait accompagné en regard d'un collage (réalisé "à la main", si si il y tient) réalisé par Michel Cacace, fameux colleur sétois. J'ai maintenant hâte d'avoir fini le roman pour pouvoir me colleter avec cette histoire là, retrouver Pasiphaé, Eurynomé et les autres...
« L’italien marque la différence entre innamoramento et amore. L’innamoramento correspond à l’amour naissant, tout chargé de poésie et d’émerveillement. Amore ne demeure amour que si en lui se régénère sans cesse la poésie de l’innamoramento ; sinon, il peut se muer en affection, ou bien il dépérit, se dégrade, s’aigrit…
La régénération réanime les sources vives, retrouve la vertu des états naissants, dans l’amour comme dans toutes les autres passions, y compris la passion de connaître. »
Edgar Morin, Ethique
Vois : la nuit se lève sous ton drap, elle déplie son corps beau, ouvre ses ailes noires. Sa haute stature s’impose en silence. Elle prend maintenant tout l’espace, visible et invisible.
Sens : le vent qui tombe et te gifle, garde les yeux ouverts sous le vent qui mugit. L’horizon sous ton drap s’éloigne à grande vitesse et la nuit et le vent s’unissent doucement entre tes cuisses. S’engouffrent dans ton ventre. Qui enfle.
Ecoute : ce craquèlement léger à la surface de la lune argentée. Elle va s’ouvrir, la lune, dans ton lit. Elle va enfanter et toi tu t’affoles, il fait si noir encore, il fait si peur.
Touche : dans ton ventre, il y a quatre têtes qui pointent. Mon premier est une tête d’épingle, elle pique, titille, émoustille. Emerillon aux ailes vives, elle te donne l’élan. Mon second est une tête sourde. Entêtante, elle te lancine en scie, t’abîme et te perd. Elle te lamine. Mon troisième est une bouche toujours ouverte qui crie encore jamais ne dort. Mon quatrième est l’absente parce que sans elle, mon tout ne pourrait exister.
Mon tout, goûte-le, mords dans le bras du bandit des grands chemins, entretiens-le comme une princesse perse, souffle à son oreille des mots doux et crus : Eros renaîtras, à chaque fois.
Naissance d’Eros, d’après le mythe orphique de la création